Stéphane Venne, un auteur-compositeur comme il devrait y en avoir plus

Dans le cadre de la série L’histoire de mes chansons, jeudi dernier le 19 novembre, Monique Giroux avait le plaisir de s’entretenir avec Stéphane Venne, à qui nous devons la musique de la chanson thème de l’Expo ’67 Un jour, un jour, sur des paroles de Donald Lautrec.

On lui doit bien d’autres thèmes musicaux et de publicités, mais comme il est  avant tout l’auteur et/ou compositeur de plusieurs succès, ce sera sur ceux-là que nous nous arrêterons.  Stéphane confiait à Monique ne pas avoir de style particulier, et qu’il préférait cela, ainsi il est certain de ne pas se répéter. Après avoir visionné le spectacle-causerie et réentendu plusieurs de ses succès, nous étions d’accord avec lui.

Au moment où ces chansons sont sorties, fin des années 60, en 70 et après,  il était impossible de dire, en les entendant pour la première fois, que c’était du Venne. Ses héros en composition et en écriture de chansons sont Paul McCartney et Gilbert Bécaud, ce qui explique son professionnalisme.. Selon lui, une chansons, pour être accrocheuse, doit être chantante.

Le premier succès qui nous a été présenté le fut par Marie-Michèle Desrosiers qui a enjoué avec C’est notre fête aujourd’hui, une transition entre ce qui se faisait en fait de chansons en France à l’époque et aux États-Unis , un concept sur lequel il a travaillé pendant deux trois ans. Il voulait des chansons heureuses et chantantes, et ce fut avec cette chanson qu’il a fait ses débuts. Il en a fait une chanson sans refrain ni couplet qui a eu le succès qu’on lui connaît et qui fut interprétée dans le temps par la regrettée Renée Claude.

Puis, ce fut la belle Martine St-Clair qui nous a rappelé le succès de C’est le début d’un temps nouveau, une chanson qui personnellement m’a toujours parlé, autant au moment de sa sortie que maintenant, Si on analyse la chanson, chaque mot, chaque phrase nous fait revivre cette époque. Marie-Denise Pelletier a suivi avec Le tour de la terre dont elle a fait une interprétation superbe. Comme le dit si bien Monsieur  Venne, ça prend des chanteuses à voix pour bien réussir ses chansons, et on peut dire que la fourchette d’interprètes que nous avions ce soir-là répondait bien à ce critère. Nous avons pratiquement eu un atelier d’écriture de chansons avec toutes les explications qu’il nous a données

Le temps est bon quIsabelle Pierre avait créée dans le temps et qui a été utilisée dans quelques films a été revisitée pour l’occasion par nulle  autre que Marie Carmen. On aurait dit que la chanson avait été écrite pour elle tellement ça se mariait bien avec sa gestuelle habituelle. Puis, une chanson plus triste, mais combien touchante, Allô la vie, une chanson qu’il avait écrite pour un chanteur qui avait tenté de se suicider, et qui en fait l’a chantée une fois. C’est Marie-Denise Pelletier qui en a fait ressortir toutes les subtilités. Luce Dufault , quant à elle, nous a fait frémir avec sa prestation de Les enfants de l’avenir. 

À l’époque, il avait fondé une maison de disques. La première chanteuse qu’il avait signée, et qui était toute nouvelle dans le domaine, fut Emmanuelle qui avait fait un succès avec Le monde à l’envers. C’est Marie-Michèle Desrosiers qui nous a démontré ce que ça avait l’air un monde à l’envers. Dans un registre plus actuel, Marie-Élaine Thibert est venue à son tour rendre un hommage à son ami qui lui avait fait, pour son premier album en 2004, une traduction de la chanson de Gordon Lightfoot If you could read my mind, Si je t’ouvrais mon âme, qu’elle a murmuré tout en douceur avec sa voix puissante. Stéphane nous a mentionné que c’est en faisant des traductions de hits américains qu’il a appris à faire des chansons.

Le secret qui se cache derrière la chanson Il était une fois des gens heureux, le thème du film La famille Plouffe produit par Denis Héroux, est une suite de mésaventures, de transactions financières et d’imprévus jusqu’à la toute fin. Au moment de l’enregistrement de la chanson par la regrettée Nicole Martin, celle-ci avait un mal de gorge qui l’empêchait de chanter, mais comme l’enregistrement ne pouvait pas être reporté, Madame Martin a retourné ce malencontreux imprévu en un événement positif,  chose qu’elle a réussie grâce à une impressionnante gymnastique vocale. On connait la suite ; un succès sans précédent! C’est à Luce Dufault qu’on a confié le soin de nous en faire sa propre interprétation. Un des moments parmi bien d’autres où la boite de papiers-mouchoirs fut bien utile.

Le ciel est à moi , interprétée par la sublime Marie-Élaine Thibert , a également donné lieu à plusieurs anecdotes, dont la première rencontre de Stéphane Venne avec Julie Snyder qu’il ne connaissait pas du tout à l’époque, en 2004. Julie voulait qu’il l’aide dans le cadre de Star Académie à produire l’album de Marie-Élaine et, dans le même temps, Julie avait été approchée pour produire une chanson pour un film en préparation,  Le papillon bleu. Ils ont donc fait d’une pierre deux coups. Après avoir prévisionné le film, il a écrit cette superbe chanson qu’est Le ciel est à moi et que Marie-Élaine nous a pour la énième fois fredonné avec tout d’abord sa voix, mais aussi son cœur et sa sensibilité alors que Stéphane Venne l’a consciemment ou inconsciemment dirigée. Et quelle finale elle nous a offerte! Une autre performance magistrale!

Stéphane Venne a avoué à Monique Giroux que c’était dommage qu’au Québec il n’y ait pas plus d’auteurs-compositeurs. Nous sommes inondés d’auteurs-compositeurs-interprètes parmi lesquels s’en trouvent de très bons, il l’avoue, mais il faudrait plus de gens qui ne font qu’écrire des chansons. Stéphane et Monique on mis fin à l’entrevue sur des mots de Georges Brassens : ‘’Le public aussi doit avoir du talent’’. Martine St-Clair a clos le spectacle avec un hommage à Renée Claude sur Tu trouveras la paix, très bien exécutée. Des minutes de pur bonheur qui n’ont laissé personne indifférent .