The High Note : LE feel good movie de 2020 ★★★1/2

Le terme feel good movie est bien souvent galvaudé, car on peut l’interpréter autant positivement que négativement. Certains cinéphiles y voient un manque de substance au niveau du contenu alors que d’autres, justement, détectent une réflexion sous-jacente dans le ton rafraîchissant et sans prétention préconisé. La deuxième option s’applique parfaitement à The High Note, maintenant disponible en DVD en version originale anglaise (avec sous-titres français). Avec ses paysages ensoleillés, ses paillettes et sa musique réconfortante, le film fait sourire, détend et offre une vision réaliste des bouleversements que connait actuellement l’industrie de la musique.

Après la sympathique comédie Late Night qui abordait les difficultés de faire du stand up pour une femme, la réalisatrice Nisha Ganatra braque sa caméra sur les épreuves que doivent traverser les femmes qui veulent œuvrer dans la musique sans obéir aux diktats préétablis. Pour ce faire, la scénariste Flora Greeson a inventé une superstar de la soul et de la pop qui, suivant les instructions de son gérant (Ice Cube) comme un bon chien de poche, cumule les tournées en remâchant ses vieux succès. Ceci dit, Grace Davis (Tracee Ellis Ross) souhaite refaire de la musique originale, chose que les fans inconditionnels quémandent depuis un moment même si le dernier opus ne s’est pas bien vendu. L’assistante personnelle de Grace, Maggie Sherwoode (Dakota Johnson), qui rêve de produire de la musique, est du même avis. Mais la route est longue avant de s’accorder le droit de poursuivre sa destinée…

À travers un humour accessible, des scènes mignonnes et une orgie de résidences luxueuses qui fait encore plus rêver en cette période pandémique, The High Note plaira aux cinéphiles qui aiment plonger dans l’univers de la chanson, plus particulièrement son processus de création. Le sous-texte féministe et l’aberrant manque d’égalité pour les chanteuses populaires est exploité avec équilibre, sans faire la morale mais sans apporte de réponses non plus. Les scènes dans lesquelles Maggie est en studio d’enregistrement avec son protégé qui ne connaît pas son véritable métier (Kelvin Harrison Jr) s’avèrent aussi divertissantes qu’enrichissantes. À vrai dire, c’est lors de ces scènes que The High Note se démarque car il est rare de voir un film considéré commercial s’attarder autant à l’envers du décor, celui en dehors du sex, drugs and rock’n’roll.

Dans un rôle de diva soul qui ressemble étrangement à sa mère Diana Ross, Tracee Ellis Ross s’avère fort convaincante et ne donne jamais l’impression d’imiter le monument de la chanson qu’est sa maman. Elle est suffisamment égocentrique, manipulatrice et touchante pour être une superstar crédible qui souhaite montrer sa vraie nature artistique sans perdre ses privilèges. À ses côtés, Dakota Johnson est charismatique à souhait. On s’attache irrémédiablement à son personnage idéaliste, passionné, déterminé et un brin naïf qui se bat pour réaliser ses rêves. Elle brille en compagnie de Kelvin Harrison Jr qui possède une présence énigmatique et un naturel désarmant qui est drôlement à surveiller.

Le script est ponctué de longueurs, surtout lors du premier acte qui tourne en rond. Le tout devient lassant et frustrant pour les cinéphiles impatients de voir les protagonistes se rebeller et créer envers et contre tous. Ceci étant dit, quelques bonnes blagues et des chansons accrocheuses parviennent à rendre les scènes inutiles plus supportables. Surtout que le scénario réserve un revirement de situation franchement imprévisible, cohérent et bien ficelé.

3.5