Twenty One Pilots au FEQ 2019 : tout simplement dément!

Hier, une demi-lune trônait au-dessus des Plaines d’Abraham quelques minutes avant l’arrivée extrêmement attendue de la formation Twenty One Pilots sur la Scène Bell du Festival d’été de Québec, laissant présager une soirée spéciale et énigmatique. La horde de fans gonflée à bloc par les prestations de Yungblud et The Glorious Sons s’est complètement abandonnée au rock et rap psychédéliques du polyvalent duo qui réservait des surprises exaltantes et vertigineuses.

Fort de la rumeur immensément favorable liée à leur passage au Centre Bell de Montréal en mai dernier, Tyler Joseph et Josh Dun n’ont pas tardé à rendre mémorable leur première visite dans la ville de Québec en enflammant littéralement une voiture noire se trouvant à l’arrière-scène au son de Jumpsuit. L’atmosphère électrique alors déclenchée ne s’est jamais éteinte, bien au contraire. La marée de spectateurs sautant et agitant les bras dans une spectaculaire synchronicité était pendue aux lèvres des artistes trentenaires qui ont offert un feu roulant de solos percutants, d’acrobaties, d’éclairages éclatants et de fumée et confettis blancs. La mise en scène regorgeait de trouvailles visuelles épatantes et étonnantes habilement amenées pour que la volonté de divertir ne soit pas noyée dans une orgie d’accessoires impertinente aux chansons.

Tous les écrans géants ornant la scène servaient bien plus qu’à diffuser le spectacle ; ils en faisaient véritablement partie grâce à des projections colorées s’amalgamant aux images prises en direct. La typographie et les graphismes bougeant au rythme des mélodies contribuaient aussi à l’unicité du concert, à l’instar des nombreux changements de costumes de Tyler Joseph qui est passé aisément d’une cagoule noire, à une chemise fleurie pour finir avec une tuque rouge et un ample t-shirt blanc.

Venu présenter la tournée Bandito, Twenty One Pilots a parfaitement prouvé le choix de ce titre en illustrant leur côté rebelle qui aime bien déconstruire les codes de la société avec lucidité et transparence. Le titre We don’t believe what’s on TV l’a d’ailleurs brillamment prouvé. Engagé, authentique et d’une énergie infatigable, le groupe a enivré et envoûté lors de la livraison de leurs incontournables succès Heathens, Ride et Stressed Out, mais ont aussi offert avec panache la plupart des titres de leur plus récent album Trench qui traite avec une délicate force du besoin de l’autre dans les épreuves douloureuses comme la maladie mentale.

Tyler et Josh n’ont jamais souffert de n’être que deux sur scène. Multiinstrumentistes, ils alternaient les guitares électriques, le ukulele et le piano classique avec une aisance époustouflante. Le torse nu de Joshua Dun a fait saliver bien des demoiselles, mais pas autant que son talent démentiel à la batterie. Il a d’ailleurs livré un excellent combat de drum avec une version virtuelle de lui-même qui n’a pas manqué de survolter et ébahir les spectateurs. De son côté, Tyler Joseph a également fait l’étalage de tout le potentiel de son spectre vocal.

Véritables bêtes de scène, ils ont montré leur générosité et leur volonté d’inclure tout le monde à leur party en demandant à des gardiens de sécurité de faire des chassés croisés avec eux au même rythme que la foule. Une image sympathique qui en a surpris plusieurs. Comme si cela et chanter sur le toit d’une auto n’étaient pas suffisamment exaltants, Tyler Joseph a traversé la foule pour monter du haut de la tour de son sans une once de peur. La vue qu’il avait du public devait assurément être aussi magnifique que la frousse et l’émerveillement qu’il nous a procurés avec cette ingénieuse manoeuvre réglée au quart de tour.

Bref, Tyler Joseph et Josh Dun ont offert une soirée endiablée et exaltante qui a démontré leur complicité et passion contagieuses. Tout ce qu’ils ont envie d’accomplir, c’est de jouer de la musique, faire changer les mentalités et réjouir les foules. Tout ce qu’on leur souhaite en retour, c’est que ça perdure.

Crédits Photos : Stéphanie Payez Éklectik Média