Twenty-Seven, un vrai bijou!

Hier soir, au Théâtre Centaur 1 , avait lieu la première canadienne de l’opéra de chambre Twenty-Seven, une oeuvre signée Royce Vavrek, librettiste, et Ricky Ian Gordon, compositeur. Ce dernier était d’ailleurs parmi nous dans l’assistance.

Cet opéra mis en scène par Oriol Tomas met en vedette Elizabeth Polese , Andrea Núñes (Alice B. Tocklas), Christianne Bélanger , Rose Naggar-Tremblay (Gertrude Stein), Rocco Cupolo (Pablo Picasso), Sebastian Haboczkib (Francis Scott Fitzgerald), Spencer Britten (Doughboy), Nathan Keoughan (Léo Stein), Pierre Rancourt (Matisse), Scott Brooks (May Ray), Brenden Friensen (Ernest Hemingway), la pianiste et directrice artistique Marie-Eve Scarfone , levioloncelliste Stéphane Tétreault et les chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal.

Il n’est pas souvent donné d’assister à un opéra écrit et composé par des contemporains dont l’action est aussi contemporaine puisqu’elle commence avant la Première Guerre mondiale et permet aux artistes de jouer des rôles de légendes du vingtième siècle. Le tout débute alors qu’Alice est assise, en train de tricoter au salon du 27 rue de Fleurus à Paris, et se rappelle la vie et les gens qu’elle a partagés avec Gertrude Stein, écrivaine juive américaine, installée à Paris. Celle-ci arrive au salon avec ses invités, Matisse, Léo Stein ,le frère de Gertrude, et Pablo Picasso qui dévoile le portrait qu’il a peint de Gertrude, aiguisant ainsi la jalousie de Léo Stein qui leur fait part de son déménagement en Italie. Gertrude et Alice lui portent un toast et célèbrent leur amour.

Elles réussissent à passer à travers la Première Guerre. Elles se font amies avec un soldat américain qui les fournit en charbon et cigarettes, mais qui ne reviendra pas après être allé chercher des œufs. La guerre finie, leur dévolu se jette alors sur les écrivains au lieu des peintres. C’est alors que l’on rencontre Ernest Hemingway, F. Scott Fitzgerald ainsi que le photographe Man Ray. Au fur et à mesure que la Deuxième Guerre mondiale approche, les écrivains sont évincés du salon. Alice et Gertrude réussissent à survivre en se débarrassant d’œuvres d’art, mais garde toutefois le portrait que Picasso a fait de Gertrude. Un malaise cependant subsiste en elle, une américaine juive qui réussit à survivre alors que la France est envahie par les nazis.

Mon coup de coeur a été Basket 2, un beau caniche royal blanc portant un ruban rose que l’on a vu durant le troisième acte et qui s’est tenu tranquille, se promenant ici et là, prenant des poses, se laissant cajoler… Ça m’a pris quelques secondes avant de réaliser que ce n’était pas un vrai caniche! Je ne sais pas qui était sous le costume, une ballerine ou une diva en devenir, aucune idée, mais elle était en très grande forme la demoiselle pour faire toutes les contorsions qui lui ont été demandées!

La musique interprétée par Marie-Eve Scarfone et Stéphane Tétreault était bien représentative de l’époque avec les sons discordants qui commençaient à se faire entendre déjà. Il s’agissait d’une interprétation sublime de la musique de Ricky In Gordon. Une forte ovation leur a été réservée lors de leur retour sur scène à l’intermission ainsi qu’à la fin.

Un coup de chapeau au concepteur vidéo Félix Fradet-Faguy car les effets vidéographiques qu’il a développés avec les cadres contenant les œuvres d’art tout au cours de la représentation sont de chefs-d’oeuvre en soi.

En somme, une soirée à l’opéra qui sera inoubliable pour l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et le public. Twenty-Seven demeure à l’affiche du Théâtre Centaur 1 les 24, 26, 28 30, et 31 mars à 19h30. Vous pouvez vous procurer des billets ici

Crédits Photos : Yves Renaud