Le vendredi 5 juillet dernier, soit la veille de son 52e anniversaire, Isabelle Boulay a fait preuve d’une belle générosité humaine et vocale en offrant un spectacle aussi enveloppant qu’un cadeau de fête aux festivaliers venus très nombreux assister à son concert sur la Scène du monastère dans le cadre de la 31e édition du Festivoix de Trois-Rivières.
La foule bigarrée n’a point dissumulé sa joie d’accueillir la populaire interprète en sol triffluvien dès son entrée en scène au son du succès radiophonique La Lune tiré de l’album États D’amour, paru en 1998. Cet enthousiasme, qui s’est traduit en cris, applaudissements et chants bien nourris, n’a connu aucun temps mort tout au long des 18 chansons qui ont été jouées au cours de ce spectacle d’environ 90 minutes.
Des choix judicieux
Il faut dire qu’Isabelle Boulay a plus que misé juste avec les chansons qu’elle a sélectionnées, et surtout avec l’ordre dans lequel celles-ci ont défilé.
À l’intérieur des 10 premières pièces, le public a pu s’extasier en reconnaissant d’emblée Parle-Moi, Jamais Assez Loin, Je t’oublierai, je t’oublierai et Un peu d’innocence et en entonnant leur refrain avec un abandon qui a semblé touché la principale intéressée à plusieurs reprises.
Au-delà des incontournables, la foule a eu droit à des petits trésors oubliés comme Si j’étais perdue et J’enrage, à un tendre hommage à la regretté Françoise Hardy avec L’amitié ainsi à une reprise festive de Mille après mille popularisée par Willie Lamothe.
L’interprète s’est également fait plaisir en offrant la pièce qu’elle a le plus écoutée à répétition dans sa vie (Tu ne me dois rien de Stephan Eicher) et celle qu’elle choisirait si elle devait en chanter qu’une seule pour le reste de sa carrière (Goodbye de Steve Earle). Deux pièces folk qu’Isabelle Boulay incarne avec une simplicité si pure au niveau émotif que la puissance des sublimes textes ne s’en trouve que rehaussée.
La pharmacie Boulay
La bulle Bashung
Une belle parenthèse de quatre chansons signée Alain Bashung a eu lieu en deuxième acte du spectacle. Celle qui a fait paraître l’excellent album Boulay chante Bashung-Les chevaux du plaisir en mars 2023 a encore une fois démontré l’effet libérateur qu’a sur elle celui qu’elle qualifie du plus américain de tous les chanteurs français grâce à sa maîtrise de la musique country.
Une énergie folle et énigmatique se dégage autant dans sa voix nuancée que dans ses mouvements aériens quand elle fait véritablement sienne la sensualité, la désinvolture et la dégaine uniques caractérisant l’univers de Bashung.
Ce fût particulièrement probant sur la délicieuse reprise de Ma petite entreprise de laquelle émanait de surprenantes effluves rap au niveau de la livraison. Ça aurait pu donner un résultat dissonant. Ce fût tout le contraire. Même que ce serait fort intéressant de voir davantage ce côté légèrement ghetto dans d’autres morceaux…
Le Saule près d’un saule
Devant la beauté de la Scène du monastère entourée d’arbes majestueux dont des saules, impossible que l’agréable soirée ne se conclut pas avec l’intemporelle Le Saule. Ou Saule inconsolable comme l’ont rebaptisé plusieurs admirateurs au fil des ans.
Au point tel que Isabelle Boulay s’est longtemps fait interpeller par ce terme dans la rue. Une reconnaissance qu’elle a pris soin de souligner en interprétant avec un dosage efficace de douceur et de mélancolie cette universelle histoire d’une rupture amoureuse déchirante et insurmontable. Un moment qui a évidemment été reçu comme il se doit, c’est-à-dire dans un géant karaoké à ciel ouvert jubilatoire.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média