Audrey Simard

Audrey Simard : un jour à la fois dans la musique

C’est à travers la mode qu’Audrey Simard s’est fait un nom dans l’industrie québécoise notamment grâce à son entreprise Les Relookeuses qu’elle a co-fondée avec Marie-Pierre Otis, il y a maintenant 8 ans. Aujourd’hui, en plus d’habiller des vedettes québécoises (Guy A Lepage, Roch Voisine, Isabelle Boulay), Audrey Simard se lance dans la musique en habillant de sa voix les textes d’artistes qu’elle admire. Après avoir dévoilé un peu plus tôt dans l’année la pièce Lettre à un cowboy popularisée par Mitsou, Audrey Simard a lancé, ce 8 mai, sa relecture de Juste une p’tite nuite des Colocs.

Aller au bout des choses

L’art est omniprésent depuis toujours dans la vie d’Audrey Simard, puisqu’elle a fait du théâtre pendant plusieurs années et a également joué du violon pendant 17 ans. « J’ai étudié en musique avant d’aller en théâtre. J’ai étudié en violon et en chant à l’Académie Johanne Raby. Honnêtement, la musique m’a sauvé la vie enfant, et ça m’a suivi jusqu’à mes 18 ans où, du jour au lendemain, j’ai mis mon violon dans sa boite.»

Pendant longtemps Audrey Simard a eu le syndrome de l’imposteur et admet avec beaucoup de transparence avoir eu de gros problèmes de consommation qui l’ont empêché d’aller au bout des choses. Étrangement, la période pandémique qui a frappé le monde en 2020 a été une période charnière dans la vie de l’artiste.

« La pandémie a été pour moi une porte de sortie. Ça m’a sauvé la vie. C’est terrible de dire ça, mais sans la pandémie, je n’aurai pas arrêté de boire et je n’aurai pas fait d’album. La pandémie m’a guérie de mes démons, et c’est ça qui est beau. La sobriété m’a amené à aller au bout des choses »

Une fille de texte

Yan Perreau, qui est un grand ami d’Audrey Simard, l’a invité dans son studio et lui a demandé simplement ce qu’elle aimerait chanter. Sans hésitation, l’interprète a répondu Ailleurs de Marjo, une chanson qu’elle a d’ailleurs enregistrée et sorti sur les plateformes après la pandémie, mais qui a dû être retirée à la suite d’une erreur d’intégration. En effet, l’artiste nous raconte avec beaucoup d’humour qu’elle a été appelée Audriix par erreur, ce qui a bien fait rire son entourage.

Yan et Audrey ont ensuite décidé de travailler sur la pièce Lettre à un cowboy, un titre de Daniel DeShaime qu’elle affectionne depuis son enfance. Un grand défi pour Audrey Simard qui a un énorme respect pour Mitsou. Elle a d’ailleurs travaillé pendant plusieurs années au sein de Mitsou Magazine.

C’était d’ailleurs important pour Audrey Simard que Mitsou fasse en quelque sorte partie du processus créatif de la chanson. Elle l’a donc invitée à écouter une première version en studio pour laquelle Mitsou a suggéré quelques notes. « Mitsou a écouté ma dernière version avant que je la sorte, et elle m’a envoyé un super message vocal. Elle m’a dit : tu as respecté ma chanson et le texte de Deshaime, ça m’a vraiment touchée et ça m’a reconnectée avec cette chanson-là.»

Audrey Simard admet ne pas être tombée dans le cliché et qu’il y a quelque chose d’important à respecter lorsqu’on reprend une œuvre. « Moi, je suis une fille de texte, l’interprétation ça a toujours été mon dada. Je ne peux pas dire que je suis la plus grande chanteuse au monde, mais si le texte me touche, ça va être cool. Si ça ne me touche pas, ça ne marchera pas.»

Une question d’ADN

Dans la sélection des chansons qu’elle voulait interpréter, c’était une évidence pour l’interprète de faire une place aux Colocs. « Dédé fait partie de mon ADN. Il vient du Saguenay-Lac-St-Jean comme moi. Quand Les Colocs ont sorti Juste une p’tite nuite, j’avais 10 ans. C’est un groupe qui a complètement changé ma vie. Ce que j’aime de Dédé, c’est qu’il écrit des textes très intenses, mais avec une musique qui est hip. J’adore le clash , ce genre de mélange-là. »

Ce n’est pas anodin si son choix s’est arrêté sur Juste une p’tite nuite , puisque c’est un texte qui est très proche d’elle, mais aussi parce qu’Audrey admet avoir une préférence pour les chansons écrites par des hommes. « Je préfère chanter les hommes que les femmes, car j’ai une voix grave et les chansons d’homme sont rassurantes.»

Amoureuse du processus créatif

Le processus créatif est un moment qu’Audrey Simard a eu grand plaisir à découvrir et duquel elle est tombée amoureuse. « Yan m’a invité à son studio dans l’amour. On ne feelait pas ben personne, on était en pandémie, mais on a eu du fun et on a pris ça une toune à la fois. J’ai adoré le processus de création parce que je ne l’avais jamais vécu.»

L’artiste nous a raconté avec beaucoup de passion la manière dont s’est déroulé l’enregistrement des chansons. Chacun des moments était une réelle découverte pour elle. Elle s’est impliquée dans toutes les étapes créatives du début à la fin. « C’est vraiment spécial quand tu arrives là. Je n’avais jamais fait ça, fait que tout est nouveau. Ils me donnaient des mixages, des mastering, j’étais mêlée dans les termes. J’ai tout appris sur le tas, j’ai été bien entourée, j’ai des musiciens incroyables (Franck Plante, Jean-Alexandre Beaudouin, Daniel Thouin, Yves Desrosiers et François Chauvette).

En plus d’être le réalisateur de son album, Yan Perreau a permis à Audrey Simard l’été dernier de remonter sur scène pour la première fois en 16 ans pour chanter avec lui quelques duos. Un moment marquant pour elle puisque ce retour sur scène était aussi le premier qu’elle faisait complètement sobre, et qui lui a permis de ressentir chaque émotion et connexion avec le public duquel elle a reçu de beaux commentaires et qui lui a donné de l’énergie pour poursuivre.

L’interprète, qui prend des cours de chant avec Marie-Claire Séguin, est encore actuellement en période d’enregistrement. Le processus créatif l’amène à faire parfois 20 versions d’une même chanson parce que chacune des chansons est fait un instrument à la fois et qu’ils enlèvent et ajoutent des choses au fur et à mesure. « Pour vrai, c’est vraiment génial ce qui se passe. Je le prends vraiment un jour à la fois. Je m’amuse. J’avais perdu le côté plaisir de la chose. De toute façon, quand tu n’as pu de fun et que tu n’es pas connectée au cœur, tu ne peux toucher personne.»

Audrey Simard devrait sortir d’autres extraits jusqu’à la sortie de son album qui verra le jour vers la fin de l’automne. En attendant, vous pouvez découvrir sa version de Juste une p’tite nuite disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.