Claire Bergeron : Mirages sur la Vallée-de-l’Or

Pour son neuvième roman paru en juillet dernier, Claire Bergeron s’est rendue jusqu’en Abitibi pour s’imprégner de l’histoire des personnages et des lieux dans lesquels elle voulait nous inviter. Ce roman intitulé Mirages sur la Vallée-de-l’Or est un polar historique dont les événements parviennent à nous tenir en haleine du début à la fin. Agathe Nikweto avait 15 ans lorsqu’elle s’est enfuie du pensionnat dans lequel elle a été abusée. Cet abus a donné fruit à Richard, ce fils qu’elle ne peut s’empêcher d’aimer et de protéger comme la prunelle de ses yeux. Dix ans après avoir sillonné les routes, Agathe décide de s’installer à Val-d’Or pour permettre à son petit garçon de suivre les études dont il rêve.

Nathan Desmarais a quitté la ville de Québec pour s’installer avec son fils Étienne en Abitibi et y travailler comme enseignant, ce métier qu’il affectionne tant et dans lequel il va pouvoir panser sa peine. La peine que Jacquie lui laisse depuis qu’elle est partie. Sa chaleureuse hospitalité et sa bienveillance vont permettre à Étienne et Richard de devenir de bons amis et faire une place à la jeune Sophie dont le quotidien, en plus d’être synonyme de souffrance, cache un lourd secret.

À la suite d’un meurtre qui aura lieu dans le village, la jeune femme autochtone dont l’accueil n’est pas des plus chaleureux va devenir la coupable parfaite. À quelques exceptions près, Agathe n’est qu’une sauvagesse aux yeux des autres. L’injustice que vit Agathe au quotidien montre la fermeture d’esprit qu’il y avait contre les autochtones à l’époque et la facilité que la population avait d’incriminer ce qui les dérangeait. Cependant, la jeune femme détient une belle force de caractère qui va susciter une grande admiration chez le lecteur.

Malgré les thèmes assez lourds (racisme, abus de pouvoir, injustice) qui se chevauchent à travers le roman, celui-ci dégage une belle dose de lumière entre autres grâce aux enfants qui forment une équipe aussi soudés que Les Trois Mousquetaires. Leurs façons de s’aimer et de se soutenir malgré les difficultés et leurs différences montrent que, même dans les années 50, il était possible de s’accepter lorsque l’éducation montrait de l’ouverture et se faisait dans les valeurs humaines plutôt que dans une bourgeoisie malsaine.