Ensemble Volte : un orchestre d’avant-garde qui n’a pas peur des risques

C’est dans l’intimité de la salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal que nous avons découvert l’Ensemble Volte composé d’une quarantaine de jeunes musiciens sous la direction du chef d’orchestre Thomas Le Duc-Moreau. Ils ont débuté avec une œuvre de Felix Mendelssohn, Les Hébrides, et la salle s’est vue transformée en grotte sous un éclairage tamisé alors qu’une forte impression d’être bercée de droite à gauche par des vagues a envahi le public.

Thomas Le Duc-Moreau, qui agit aussi en tant que directeur artistique, dirige l’Ensemble Volte depuis sa création en 2017. Celui-ci était alors connu sous le nom de l’Orchestre de chambre Beethoven et c’est en 2018 qu’il a adopté son nouveau nom. L’Ensemble Volte se donne comme mission de marier différents arts ensemble et c’est pourquoi, lors de leurs concerts passés, des acteurs de théâtre, poètes et danseurs les ont accompagnés sur scène. Thomas Le Duc-Moreau est aussi le plus jeune chef assistant de l’histoire de l’Orchestre symphonique de Montréal. Il a eu l’occasion de se perfectionner au côté de grands maestros tels que Kent Nagano, Alexandre Bloch, Michael Francis, Fabien Gabel et Julian Kuerti.

L’Ensemble Volte nous a livré un concert surprenant, avec comme artiste invitée la talentueuse violoniste soliste Yolanda Bruno, qui a performé le Concerto pour violon numéro 2 en mi mineur opus 64 de Felix Mendelssohn. La jeune musicienne, qui n’a que 30 ans, dégage une chaleur et une sensibilité très touchantes. Elle captive et surprend tour à tour le public. Ça fait changement des musiciens de l’ancienne école! Elle a performé avec l’Ensemble Volte sur un superbe violon Domenico Montagnana, fabriqué à Venise en 1737, qui lui a été prêté par le Groupe Canimex Inc. Le public l’a acclamée avec force et, pour les remercier, elle a joué Here Comes The Sun des Beatles. Une façon bien à elle de mettre un peu de joie dans cet hiver montréalais très morne. Yolanda Bruno a de plus performé pour plusieurs autres orchestres en Amérique du Nord et en Europe dont l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre Métropolitain de Montréal, le Youth Orchestra of the Americas et le London Mozart Players. En 2013, elle a remporté le Concours OSM Manuvie ; en 2015 le Prix Virginia-Parker du Conseil des Arts du Canada et en 2017 le Concours de violon Isabel Overton Bader.

Bien qu’en début de carrière, l’Ensemble Volte et son chef d’orchestre ont beaucoup à offrir aux mélomanes montréalais. Une ou deux fausses notes ont pu être remarqué lors du concert, celles-ci ne venant pas des musiciens, mais plutôt de la direction artistique. L’originalité est parfois payante, mais ce n’était pas le cas ici et certains membres du public ont semblé choqués alors qu’une jeune femme s’est extirpée d’un sac de sable d’apparence monstrueuse aux multiples membres, vêtue de bien peu de choses. Nous avons tous été suffisamment « distraits », alors que l’orchestre performait une pièce de Franz Joseph Haydn, la Symphonie numéro 60 en ut majeur surnommé Il Distratto, et, à défaut d’avoir apprécié la performance de l’artiste visuelle, on peut en apprécier l’ironie.

Somme toute, Volte est composé de musiciens talentueux, et sous la direction de l’audacieux chef d’orchestre Thomas Le Duc-Moreau, nous pouvons nous attendre à réentendre parler d’eux. Ils performeront L’isola Disabitata de Franz Joseph Haydn à la Salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal les 6 et 7 juin prochains.

Crédits Photos : ensemblevolte.com & yolandabruno.com

3.5