ENTREVUE-Elliot Maginot, dans les coulisses de Comrades!

Dans le cadre de son spectacle donné au Festival d’été de Québec, Elliot Maginot a bien voulu répondre à nos questions concernant la tournée entourant son deuxième album paru en 2018, Comrades.

Comrades se traduit en français par camarades. D’où t’es venu cette idée de titre?

L’idée vient d’une anecdote très personnelle. C’est un ami à moi qui utilise toujours l’expression Salut camarade, mais au sens très marxiste du terme. Camarade, c’est un peu comme nous contre le système, une notion de fraternité presque communiste.

Est-ce que c’est parce que tu veux que l’album soit engagé ?

Pas engagé au sens politique du terme, mais il y a une chanson qui raconte très précisément une soirée en question avec cet ami-là. Les chansons, c’est souvent ça en fait : des mots, des phrases qui te restent dans la tête sans trop savoir pourquoi mais que tu sais que tu dois en faire un texte. Avec certains mots,  ça devient une évidence que je dois appeler ma chanson ou mon album comme ça. Des fois, il n’y a comme pas moyen de faire autrement alors que parfois tu peux chercher très longtemps avant qu’un titre te vienne en tête.

Dans cet album-là, tu mélanges très bien le pop et le jazz. Comment as-tu peaufiné tes orchestrations pour qu’il y ait un bel équilibre entre les deux ?

C’est la première fois que quelqu’un me parle de jazz! Je le prends avec grand plaisir parce que je pense que c’est une musique qui est à la base de beaucoup d’autres qui ont éclos dans les dernières décennies. Le jazz a formé beaucoup de gens, qu’ils en soient conscients ou non. J’ai l’impression que c’est propablement la part de mon pianiste qui est quelqu’un qui vient de la scène jazz, hip-hop et funk. Sur ce disque-là, j’ai vraiment voulu laisser les musiciens jouer à ma place. J’ai essayé de laisser chaque musicien mettre son empreinte, c’est pour cela que le piano est super présent sur le disque. C’est de vraiment savoir jusqu’où, toi, tu peux aller,  jusqu’où tu peux porter la chanson et où tu dois passer le flambeau. Ça se fait dans une espèce de symbiose. Il y a vraiment un moment où tu te rends compte que t’as amené la chanson aussi loin que tu  le pouvais. À force de faire ce métier-là, tu sais à qui tu peux faire confiance un peu aveuglément. Je me suis donc entouré de gens comme ça pour ce disque.

Sur Comrades, tu as une pièce instrumentale qui s’appelle Paris. Comment détermines-tu qu’une mélodie n’a pas besoin de paroles ?

Paris est en fait un démo. Avant de faire le disque, j’ai fait des maquettes chez moi avec des drums pour avoir une idée de ce qu’on allait faire quand on allait être en studio. Paris est la maquette de la chanson Heart of Beauty qui est la chanson qui apparait avant sur l’album. Sur le démo, il y avait une espèce de ligne de guitare qu’on n’arrivait pas à bien placer dans la chanson. Ça ne me tentait pas de la laisser tomber. C’est une espèce de petit clin d’oeil. J’aime ça, les rappels sur une disque.

Tu chantes principalement en anglais, mais il y a une chanson (Le siècle bruyant) dans ton premier album qui est en français. En quoi chanter en français t’en apprend plus sur ta voix ?

Très bonne question ! Je pense que, à l’époque où j’ai fait cette chanson-là, je ne connaissais pas du tout ma voix. J’y allais comme ça sortait. Depuis, j’ai appris que la voix est un muscle que tu développes mais, clairement, chanter dans une autre langue n’implique pas la même manière de placer sa langue et la même manière d’aller chercher son air. Ça fait longtemps que je n’ai pas chanté cette chanson-là en show.

Est-ce que ça te tente de recommencer à chanter en français ?

Bien sûr que oui! Si, un jour, il y a une chanson en français qui émerge, je vais la recueillir. Je ne me dis pas que je dois chanter en anglais pour les cinq prochaines années ou que le prochain disque soit en français. Les chansons sortent dans la langue qu’elles veulent,  et, depuis un an, elles sortent principalement en anglais, mais c’est probable que ça réarrive un jour!

Crédits Photos : Stéphanie Payez Éklectik Média