Francos 2019 : Marc Déry souligne 20 ans de générosité de coeur

Après un spectacle offert avec son groupe Zébulon l’an dernier, Marc Déry est retourné, hier, sur une scène extérieure des Francos (Scène Loto-Québec), cette fois-ci pour se concentrer sur une rétrospective de ses albums solo et, par le fait même, célébrer ses 20 ans de carrière dans le milieu. Appuyée par un soleil chaud et radieux, l’ambiance électrique qui régnait entre l’artiste, ses invités et le public possédait ce petit quelque chose de magique propre aux retrouvailles entre de bons vieux amis.

Heureux d’enfin présenter de l’ancien et nouveau matériel, l’auteur-compositeur-interprète était évidemment bien alerte et en forme sur scène pour les 90 minutes que durait le concert. Tout sourire, il a d’abord transporté les nombreux spectateurs sur un lac pour décompresser en pêchant de la truite avec Poisson d’avril avant de quémander l’inégal mais sympathique talent de choriste de la foule pour les bienfaits du refrain de T’es où? Le public était déjà conquis et n’a jamais freiné son enthousiasme.

Marc Déry a accordé une place de choix à son tout premier album éponyme datant de 1999. De sa voix rauque,  puissante et envoûtante, il a entre autres offert Libre, La cabane à Félix, Viens dans ma chambre, Ninanu interprétée avec son premier invité de la soirée, Florent Vollant, et la troublante Bon bord qui dénonce l’homosexualité en mettant en scène un acte de violence sans nom qui n’est pas sans tristement rappeler ce qu’a injustement vécu un couple lesbien londonien tout récemment. L’ordre des chansons donnait l’occasion de se plonger attentivement dans la beauté franche des textes tantôt humoristiques tantôt engagés.

Au cours de ce voyage dans le temps, l’artiste a profité de l’occasion pour présenter quelques nouvelles pièces de son album Atterrissage à paraître le 13 septembre prochain dont la pièce titre, Miss Météo et La game. Des titres qui déplacent de l’air et qui ont permis aux musiciens de se démarquer. Le mélange des guitares électriques et de la contrebasse était particulièrement rêveur et accrocheur. On a déjà hâte d’entendre l’entièreté de ce cinquième opus!

Marie-Pierre Arthur, de son côté, a plutôt choisi de rendre hommage à l’album À la figure paru en 2005. En septembre faisait étalage du côté rock de la chanteuse à la voix de plus en plus claire et précise alors que son duo de la magnifique À la figure dévoilait sa belle vulnérabilité et fragilité. Les voix de Marc et Marie-Pierre se complétaient à merveille. Cette pièce, qui aborde la rupture de Marc Déry avec Élise Marquis, a eu droit, un peu plus tard dans la soirée, à une suite encore inédite. Lors du douloureux processus de séparation de ses parents, la petite Alice a demandé à son père de lui écrire une chanson. L’inspiration lui est venue 5 ans plus tard avec la profondément touchante Alice qui montre toute la force de caractère de l’adolescente. Le public n’a pas été en mesure de retenir ses larmes quand la principale intéressée est venue terminer la chanson avec son cher papa, tellement qu’il lui a demandé un retour sur scène devant un Marc Déry doucement ébranlé!

Même Ariane Moffatt, troisième et dernière invitée du concert, est apparu sur scène bouleversée. Son groove légendaire lui est toutefois revenu rapidement alors qu’elle a interprété solidement les incontournables Le monde est rendu peace et Depuis. La présence de celle qui a ouvert les Francos le 14 juin n’est pas du tout surprenante puisqu’elle a débuté sa carrière en étant musicienne et choriste pour Marc Déry qui, en la surnommant Baby Star et en lui demandant pas trop subtilement de lâcher l’université pour embarquer dans sa tournée, a propulsé son incroyable potentiel. Les regards complices qu’ils s’échangeaient en gratouillant intensément leur guitare faisaient espérer une nouvelle collaboration…

Finalement, tout le monde s’est réuni pour le coup de grâce : Ostie qu’y s’lève tard! Le concert hautement satisfaisant ne pouvait mieux se conclure : dans les sacres jubilatoires et la bonne humeur!

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média