Projet Parallèle : que du bonheur avec Neev,Pierre-Bruno Rivard et Guillaume Pineault

3 humoristes mystères. Un numéro de 20 minutes chaque. Sans entracte. Voilà le topo de Projet Parallèle, une initiative de Groupe Phaneuf. Un pur bonheur, encore plus dans ce contexte pandémique où le rire est plus que jamais une nécessité.

Hier soir à Montréal, c’est au Cabaret Lion d’Or que le party se passait. Parce que, oui, malgré les tables pour deux distancées et le port obligatoire du masque avant d’atterrir sur nos sièges, l’ambiance était à la fête.

Dans l’éternelle ambiance intime et réconfortante du Lion d’Or, les éclats de rire en vrai s’enchaînaient, contrairement aux réactions encabanées et solitaires prisonnières des voitures lors des représentations du Festival FAUV. Que ça faisait du bien d’entendre une multitude de rires et se sentir à nouveau en communion avec d’autres spectateurs.

Les trois têtes d’affiche, Neev, Pierre-Bruno Rivard et Guillaume Pineault, ont toutes séduit la foule à leur manière. Chacun eu droit à des rires bien sentis d’un public enclin à s’esclaffer, mais qui ne s’est pas forcé pour autant à offrir des réactions polies quand certaines blagues n’atteignaient pas la cible. Ceci dit, de manière générale, les gags efficaces et surprenants se déployaient à un rythme soutenu tout au long de l’heure de spectacle. Évidemment, les trois humoristes semblaient fort heureux d’enfin se produire en chair et en os sur scène et finalement profiter de la chaleur humaine qui donne à leur métier son sens véritable.

Ouvrant le bal, Neev a réchauffé solidement la salle en abordant des sujets communs mais avec une authenticité si pure et sympathique qu’il était impossible de ne pas se reconnaître dans certains éléments et sourire de bon cœur. Ainsi, l’humoriste a dévoilé en détail les sentiments contradictoires et intenses qu’il éprouve auprès de son enfant. Heureux papa pour la première fois, il a fait part de ses joies, misères et inquiétudes quotidiennes tout en faisant des parallèles avec sa propre enfance. Neev a également touché à des sujets chauds comme le racisme. Ses observations sur divers stéréotypes et sa transparence sur ce thème délicat sont restées de bon ton. Son imitation des animateurs de jeux télévisés européens valait le détour.

Au son de l’introduction de la chanson En Berne des Cowboys Fringants, Pierre-Bruno Rivard a foulé la scène avec des étincelles dans le regard. Libéré d’un confinement en solitaire qui semblait être une éternité, l’humoriste de 33 ans s’abreuvait de la présence des gens, gagnant en assurance de blague en blague. Il s’est présenté au public en dévoilant certains de ses défauts avec une franchise tellement rafraîchissante qu’on s’identifiait aisément à eux. Sa paresse assumée pour le ménage, son côté pessimiste, son anxiété le forçant à prendre des antidépresseurs coupant sa libido…Il voguait d’un sujet à l’autre avec la même fluidité et le sens du punch. Les images qu’il employait pour mener à terme ses idées se sont avérées originales, créatives et délicieusement déroutantes pour l’auditoire.

De son côté, Guillaume Pineault a conclu la soirée avec un survol de ses rêves d’enfance et ses désillusions une fois rendu à l’âge adulte. Arborant -pas si fièrement- une teinture blonde née de l’ennui causé par le confinement, l’artiste nommé l’an dernier dans la catégorie de la découverte de l’année au Gala Les Oliver a immédiatement suscité l’attention du public avec son énergie débordante et la maîtrise totale de son personnage scénique : le gars un peu naïf et maladroit qui se met involontairement les pieds dans les plats tout en demeurant immensément attachant.

De ses années au primaire à obséder sur la vocation de curé, à ses études à l’université McGill en ergothérapie pour suivre ses amis en passant par un voyage d’immersion en Angleterre qui n’a pas fait long feu à cause d’une bourde monumentale dans un mariage hindou, Guillaume Pineault est parvenu à concocter subtilement et brillamment une trame narrative à son numéro : que sa passion première-l’humour- l’a toujours accompagné même lorsqu’il refusait de voir qu’elle était sa destinée.

Ce soir (18 juillet) à 19h00 et 21h00, ce sont Louis T, Adib Alkhalidey et Jo Cormier qui se produiront au Lion d’Or. Des billets sont disponibles ici.

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média