Après avoir séduit près de 1,3 million de téléspectateurs chaque dimanche depuis deux ans, accumulé des chorégraphies virales sur les réseaux sociaux, remporté trois prix Gémeaux et avoir fait taire les critiques les plus sceptiques, Révolution se transporte enfin sur scène avec le spectacle Révolution en tournée.
Mis en scène par Serge Denoncourt, cette incursion scénique totalement réussie amorçait hier une résidence au Théâtre St-Denis à Montréal. Avec l’aimable participation de Jean-Marc Généreux, les finalistes des saisons 1 et 2 ont enthousiasmé une salle comble en proposant des numéros inédits et des classiques étonnamment encore plus impressionnants que sur petit écran.
Concept 100% québécois adapté en Lituanie, en Chine et en Russie, Révolution porte magnifiquement bien son nom puisqu’il a changé la manière de percevoir, de consommer et de louanger la danse. Serge Denoncourt est parvenu à transmettre la persévérance, la créativité, la passion, le partage et le torrent d’émotions provoqués par de prodigieux talents qui se sont lancés avec aplomb devant de juges faisant preuve d’une impartialité et d’une franchise rafraichissantes.
Pour ce faire, et également pour conserver une certaine facture télévisuelle, le prolifique et versatile metteur en scène a misé pour un décor recréant la fameuse pastille de l’émission entourée des 128 caméras captant une position éblouissante sous tous les angles qui, cette fois-ci, étaient remplacées par des petites lumières. Un écran géant diffusait les révolutions les plus épatantes et projetait parfois avec un léger décalage les prestations en direct, ce qui a donné lieu à un bel effet captivant. Les jeux d’éclairage et les lumières ornant les côtés de la scène procuraient avec équilibre ce petit extra spectaculaire aux performances déjà fantastiques. Cela en mettait plein la vue à un public qui s’extasiait au moindre mouvement plus complexe. Les changements multiples de costume et l’enfilade d’accessoires ont également contribué à cet éblouissant feu roulant.
Tous les genres de chorégraphies ont été mis à l’honneur à travers un ordre de numéros fluide et éclectique. Les temps morts ont été peu nombreux à l’intérieur de ce spectacle d’environ 105 minutes sans entracte. Jean-Marc Généreux endossait à quelques moments judicieux le rôle d’animateur mais l’accent était plutôt mis sur l’enchaînement de numéros populaires prolongés par des efforts de groupe exclusifs. Cette décision a permis au public de se sentir investi du début à la fin. Le pouvoir thérapeutique de la danse et la chimie irrésistible entre ces candidats qui rayonnent maintenant à l’international et dans divers vidéoclips s’est matérialisé avec éclat. Malgré quelques coupures maladroites dans le montage sonore, la fusion époustouflante et émouvante entre les mouvements et la musique donnait une autre signification encore plus intense à cette dernière. Les gestes en symbiose avec le rythme des pièces ont donné droit à des moments créatifs originaux qui coupent le souffle. La souplesse et l’abandon des danseurs forçaient l’admiration.
Parmi les moments forts, notons évidemment les performances des duo gagnants Team White (le duo de frère et sœur Alexandre et Katherine Leblanc) et Janie&Marcio. Le premier a séduit avec son krumping tantôt mélodique sur Big Boy de Charlotte Cardin tantôt agressif sur LiCCiT décortiquant la thématique de l’araignée mangeuse de chair. Le deuxième a envoûté avec leurs mouvements contemporains somptueux teintés de mélancolie. On pense entre autres aux numéros Infra 5, November ainsi que Silhouette qui leur a valu le grand prix de 100 000$ l’automne dernier. Leur trio avec Sam Cyr sur Pray de Sam Smith a soulevé la foule par son ingéniosité et sa spiritualité. En solo, Sam Cyr a fait sourire en se déhanchant avec l’aide d’un balai géant sur September de Earth, Wind & Fire.
Charles-Alexis Desgagnés et sa liasse de foulards bigarrés sur la pièce instrumentale Roses ont ébahi, mais pas autant que la prestation désormais célèbre créée par Yoherlandy et Rahmane sur Believer d’Imagine Dragons. Ce chef-d’œuvre de savoir-faire à la technique irréprochable qui suit un homme se battant avec son ombre a conquis Sugar Sammy à l’émission La France a un incroyable talent qui l’a propulsé directement en finale grâce à son Golden Buzzer. Yoherlandy et Rhamane ont finalement terminé à la cinquième position, mais ils ont été accueillis en roi hier grâce à ce numéro et à celui tout aussi ahurissant sur un remix de la chanson culte Ain’t no sunshine de Bill Withers. Krankyd a offert un numéro brutal au son de la pièce Hybrid qui traitait de la soif malsaine de pouvoir et de gloire. Ayant le privilège de ramener un danseur coup de cœur de la compétition, Serge Denoncourt a jeté son dévolu sur le duo contemporain Willow qui a enchanté avec leur bouleversante poésie sur les titres Lovely de Khalid et la sensation de l’heure Billie Eilish et Ending.
Le numéro sur The great escape de Patrick Watson en hommage à Francesca, la fille de Jean-Marc Généreux atteinte de la maladie de Rett, a imaginé cette dernière dans un rêve somptueux où elle peut rire, parler et marcher. De tout beauté! Une autre preuve que la danse a une portée sociale importante et considérable est le numéro sur la pièce Kid d’Eddy De Pettro de Alex Francoeur et Yoherlandy au cours duquel Alex met en scène le moment où il a fait son coming out à son père. Un moment riche et fort qui s’est soldé par une touchante accolade avec son père qui a été très acclamée.
Révolution en tournée sera à Montréal jusqu’au 3 mars en supplémentaires les 27 et 29 mars ainsi que les 2, 3 et 5 avril. La troupe sera à Québec du 5 au 15 mars pour ensuite conquérir Chicoutimi, Sherbrooke et Trois-Rivières. Ne manquez pas votre chance!
Crédits Photos : TVA