Barbara Pravi : une quête vers la liberté

L’autrice-compositrice et interprète Barbara Pravi sera pour la toute première fois sur la scène du Studio TD dans le cadre des Francos de Montréal. Celle qui s’est rendue jusqu’à la deuxième place du Grand concours Eurovision en 2021 a maintenant un nouvel album qu’elle peut présenter dans le monde entier. Quand on lui demande le bilan qu’elle fait de cette expérience, la jeune femme nous répond :

« Je ne pense pas que je serai aux Francos si je n’avais pas fait l’Eurovision. Franchement, ça m’a changé la vie parce que ça m’a d’abord ouvert une fenêtre en France, mais sur l’Europe et  maintenant sur le Québec, donc c’est quand même fou. Avant ça, je n’avais pas de tournée, je n’avais pas de public, j’avais un tout petit public, surtout en rapport avec la Journée de la femme, mais voilà, grâce à ça, j’ai une chanson qui a été écoutée dans le monde entier. Je remplis des salles en Pologne ou en Lituanie , donc ç’a vraiment changé ma vie. Ça a donné aux gens l’occasion de connaître ma musique qui est dans la chanson française et qui est très dure à défendre parce que tu as très peu de médias qui la mettent en avant parce que ça ne rentre pas en radio et ça ne rentre pas en télé. »

Le non-sens des radios 

Malgré le succès incomparable de la chanson Voilà qui a représenté la France et qui détient plus de 100 millions de stream sur les plateformes, Barbara Pravi ne joue pas encore dans les radios, situation qui rejoint de nombreux artistes de la francophonie qui se battent encore contre les gros hits anglophones.

« On ne comprend pas, mais ce n’est pas grave. Quelque part, ça me ressemble bien aussi. C’est toujours hors format. Tu sais, je ne fais pas de la musique pour des gens qui programment des radios et qui n’en ont rien à foutre des gens. Je fais de la musique pour les gens qui viennent en concert, pour le public, pour les femmes et les hommes qui se sentent concernés par ce que je raconte. Je raconte pour qui a envie de recevoir. Y’a des tas d’artistes qui ont passé leur vie à avoir des carrières magnifiques, à avoir un public rien qu’à eux. Moi, avoir un public dans des petites salles de 200 personnes et que les 200 personnes sont toutes trop contentes de mes concerts, mais laisse tomber c’est tout ce que je veux! Je dis 200, mais c’est déjà grand. 50 personnes, c’est la folie!»

Barbara Pravi

La liberté jusqu’au bout des doigts

Que ce soit dans sa façon de se raconter, dans sa musique ou en entrevue, Barbara Pravi nous renvoie un seul mot, la liberté. C’est d’ailleurs ce qu’elle défend avec son album qui porte le titre accrocheur de On n’enferme pas les oiseaux. Un titre que l’on peut retrouver également dans la pièce L’homme et l’oiseau, mais qui, pour la chanteuse, ne représente pas le même sens dans la pièce que sur la pochette de son album.

« En fait, la chanson est une chanson d’amour, donc quand je dis ça, ça s’adresse à la personne à qui je m’adresse, mais en tant que titre d’album, je trouvais que ça résumait absolument tout le disque. Ça parle de liberté, de se détacher du regard de l’autre et de celui qu’on transmet à soi aussi. Puis, je trouve qu’il y a quelque chose de majestueux dans l’oiseau. L’imaginaire de l’oiseau qui s’envole, c’est hyper beau. Il est dans son nid sur sa petite branche et d’un coup, il saute et déploie ses ailes. J’aimais bien aussi que tout le monde puisse se dire ce qu’il avait envie de se dire ».

Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Telle la plume d’un oiseau qui se déploie pour prendre son envol, chez Barbara, c’est son écriture qui s’est déployée au fil des années autant dans ses projets personnels que vers les artistes qui la choisissent comme Julie Zenatti, Chimène Badi ou encore Yannick Noah. Il est dur de croire qu’au début de sa carrière, cette artiste complète ne se considérait pas comme une autrice-compositrice, mais ça nous amène encore à cette liberté que les artistes ont besoin pour créer et à l’évolution qu’a prise son écriture depuis son premier EP paru en 2018.

« Je crois, à mon sens, qu’on devrait tous chercher à se libérer le plus possible pour être le plus proche possible de ce qu’on est et ne pas avoir honte ni avoir peur de ce qu’on est parce que c’est beau et que la liberté de ce qu’on est, c’est aussi la différence en fin de compte. C’est vraiment quelque chose de beau la liberté, ça veut dire plein de choses et chacun en a un peu son interprétation. Moi, je sais que ma quête de la vie, c’est vraiment d’enlever de la peau et de finir en petit noyau tout pur. J’ai l’impression que plus on a d’expérience, plus on se précise et on sait où on va, on sait de qui on s’entoure. Plus on s’aime aussi, plus on est bienveillant avec soi. Tout ça, ça influe forcément sur l’écriture et le EP que j’ai fait en 2018. J’étais au niveau – 1000 sous la mer de la confiance en moi donc si tu veux tout le travail que j’ai fait depuis a servi à me rencontrer. Cet album-là, j’ai la sensation que c’est le point de départ de la rencontre avec moi-même qui avait déjà commencé avant avec Chair et tout ce que j’avais fait pour la Journée de la femme. »

L’écriture a également amené la jeune femme à écrire des textes en lien avec la journée internationale des droits de la femme. Un EP intitulé Les prières – Racines a d’ailleurs vu le jour en 2021 pour la cause. Cette cause qui lui tient à cœur lui a aussi permis de toucher à la réécriture de chansons puisqu’en 2018, la chanteuse a fait une version libre de la pièce Kid d’Eddy De Pretto en guise de réponse aux femmes. Voici ce qu’elle nous a répondu sur l’exercice d’écrire une chanson en suivant une rythmique très particulière :

« En fait, je ne me suis pas posée la question comme ça. J’ai entendu la chanson d’Eddy et je me suis dit  : Il est trop fort, il a raison et c’est hyper intelligent d’avoir fait ça, et j’entendais la version féminine. J’entendais tout ce qu’on pouvait dire à une femme, toutes les injonctions qu’on pouvait faire à une femme et donc je me suis dit je vais faire le face A, face B. Voilà, je ne me suis pas posée plus de questions. »

Un spectacle qui voyage partout dans le monde 

Lorsqu’on écoute la musicalité de Barbara Pravi, on ressent directement une empreinte classique qu’elle garde instantanément en spectacle et qui nous donne la vague impression qu’un jour, c’est sur la scène de la Maison Symphonique qu’elle pourra nous présenter son matériel : « Sur scène, il y a aura un piano, un violoncelle et une contrebasse, donc c’est très classique. J’aime la musique classique, je trouve ça totalement grandiose. Je trouve que ça peut nourrir à la fois la chanson, mais aussi tu peux y rajouter de l’électro, ça se mélange super bien. Tu peux faire du rap symphonique, ça marcherait très bien aussi. La musique classique, c’est trop beau quoi!»

Le spectacle que l’artiste nous présentera ce soir est un spectacle qui ne change pas d’un océan à l’autre et pour lequel elle aime garder la même setlist. « Ce qui change, c’est l’ambiance et la façon d’aller chercher le public. Sinon, on a vraiment construit ça comme un spectacle de A à Z et pas comme un concert. Si tu veux, ça démarre à un point A et ça termine à un point Z. Pendant tout le spectacle, tu vis une histoire donc, du coup , je l’ai fabriqué comme ça et avec le public. J’amène les choses avec les gens en fonction de comment ils réagissaient ou de ce que le public me disait après le concert. »

En attendant de découvrir Barbara Pravi au Studio TD ce jeudi 16 juin, vous pouvez écouter son album On n’enferme pas les oiseaux disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.