DARLÈNE de Noémie D. Leclerc, une douce histoire poétique !

J’ai découvert l’illustre Hubert Lenoir comme à peu près tout le monde, dans sa frivolité certaine, pour ne pas citer son passage à La Voix. Pour la première fois pour moi en prestation lors de la conférence de presse des FrancoFolies au mois d’avril dernier. Je me suis demandé d’où est-ce qu’il pouvait bien sortir. J’étais, jusque-là, bien loin de m’imaginer qu’il ferait autant parler de lui. C’est alors que j’ai découvert son album, Darlène, après l’avoir revu en performance lors d’un showcase aux côtés d’Émile Bilodeau et Lydia Képinski, toujours lors des Francos. Là, j’ai compris qu’il se passait quelque chose de spécial. Il était spécial.

Mais, et c’est à ce sujet dont traite l’article, j’ai aussi découvert que l’album musical, sorte d’opéra post-moderne, était accompagné d’un roman, écrit par Noémie Doyon Leclerc, amie et amoureuse d’Hubert. Ce projet multidisciplinaire est une ode à l’émancipation et à l’acceptation de soi. Je me suis donc intéressé à en faire la lecture, par curiosité. Ne m’attendant à rien, je me suis ouvert à toutes les possibilités. Mais dès les premiers instants, les premières phrases, j’ai compris que j’allais passer un moment particulier, agréable, tout comme mes oreilles ont apprécié les sons différents et singuliers de Lenoir.

Noémie D. Leclerc aux côtés de Hubert Lenoir

En gros, on y raconte l’histoire de la jeune Darlène, 20 ans, une fille à proprement dit sans histoire. Vivant avec sa mère Annick, son frère Greg et leur chien Buddy, Darlène erre et vit, mais sans exister réellement. Elle vit en silence, noyée par ses souvenirs d’enfance et l’exaspération causée par sa famille dysfonctionnelle. Un jour, lors d’un dîner tout banal au Normandin, elle remplit un formulaire d’un concours, s’ensuivra la rencontre la plus importante de sa vie. C’est ainsi que l’on s’immisce dans la vie morose de la jeune protagoniste, mais nous assisterons bien vite à une renaissance particulière, sobre et magnifique.

Ce roman en ligne droite touche pour son côté franc, sans frivolité, et surtout accessible. Les pages se tournent d’elles-même si facilement. Dans certains moments, nous nous délectons des répliques assassines de la protagoniste, et dans d’autres, nous sommes charmés par la poésie unique de l’autrice. Une rencontre adroite et poétique entre le classique et la modernité.

Alors que l’album baigne dans un univers quelque peu décalé, le roman de Noémie Leclerc, quant à lui, demeure plus terre à terre, mais tout aussi intriguant. Ce qui fait de ce livre une très belle complémentarité à l’oeuvre musicale. Nous ne constatons toutefois pas sur le champs la symbiose de ce projet multidisciplinaire. C’est en le dégustant, petit à petit, en s’immergeant étroitement dans la peau du personnage principal, que nous nous imaginons bien facilement en les formes et les traits de son autrice, que nous nous rendons compte de la profondeur, mais aussi de la simplicité de son récit. Nous comprenons, par cuillerée, le sens de certaines phrases des chansons de Darlène.

Un élément que j’apprécie énormément, c’est que le livre est garni de détails et de références qui amènent les lecteurs à se reconnaître dans sa propre époque. L’exemple le plus flagrant, ce sont les nombreuses mentions de l’émission de Denis Lévesque (nous avons même droit à des verbatim). Mais des plus douces y sont également dissimulées ici et là dans le livre, ce qui nous amuse et nous permet de bien nous situer et, de surcroît, avoir un vibrant sentiment d’appartenance.

Pour une humaine de 23 ans, Noémie et sa plume nous offre une histoire peu commune et charmante. Une véritable révélation littéraire et une  belle preuve que les histoires ne doivent pas automatiquement être surdosées de drames fantasques. Une lecture en dix chapitres et en 225 pages, ce roman saura vous plaire.

 

Darlène (2018)
Autrice : Noémie D. Leclerc
©Éditions Québec Amérique
Éditrice : Myriam Caron Belzile
Mise en page : Andréa Joseph